Les métiers de la comptabilité sont en passe d’être bousculés par l’arrivée d’une pratique nouvelle : la comptabilité numérique. Depuis les années 2000 et l’avènement de l’Internet, nombreux sont les domaines à connaître des transformations structurelles. Si certaines se révèlent bénéfiques, d’autres bouleversent les habitudes et les besoins des professionnels concernés. En quoi la comptabilité numérique se distingue-t-elle de la comptabilité en ligne ? Quels sont les bénéfices et les écueils de la comptabilité numérique ? La gestion numérique de la comptabilité peut-elle s’avérer nuisible pour les métiers comptables ? Quelles professions semblent résister à la numérisation ambiante ?
Le marché des logiciels de comptabilité s’est développé, ces dernières années, dans le sens d’une utilisation en ligne.
Autrefois le métier se caractérisait par l’usage de logiciels utilisables hors connexion, c’est-à-dire installé en local chez l’utilisateur. Désormais, les logiciels se trouvent installés sur des serveurs gérés par l’éditeur du logiciel lui-même. Cela permet notamment un usage sur toutes les machines connectées à Internet.
De plus en plus d’entreprises semblent convaincues par ce nouveau mode de gestion comptable, qui a l’avantage de permettre le regroupement de toutes les écritures. Cependant, alors que cette mise en ligne permet de faciliter les pratiques professionnelles, les évolutions technologiques se poursuivent dans le sens d’une certaine automatisation pouvant limiter le rôle de l’humain.
L’automatisation, c’est précisément ce qui distingue la comptabilité numérique de la plus classique comptabilité en ligne. En effet, la comptabilité numérique se présente comme une comptabilité en ligne à laquelle on adjoint de l’information bancaire ainsi qu’un traitement comptable automatisé. En somme, la comptabilité numérique comporte trois avantages par rapport à la comptabilité en ligne :
La question se pose de savoir si le numérique se présente comme une menace pour les professionnels de la comptabilité. Les comptables risquent-ils leur place au profit de logiciels perfectionnés. Autrement dit, les métiers de la comptabilité connaîtront-ils les mêmes avancées que d’autres services à la personne, à l’image des hôtesses d’accueil dont le nombre a été fortement réduit suite à l’apparition des caisses automatiques ?
Selon Charles-René Tandé, président de l’Institut Français des Experts-Comptables et des Commissaires aux Comptes (IFEC), les comptables n’ont rien à craindre de la “révolution numérique” qui est en marche. La raison ? Le numérique reste un moyen dont l’humain dispose à sa guise. Aussi, il ne tient qu’aux professionnels d’en faire un moyen de transformations positives. Mais, si la tenue comptable se présente comme automatisable à 80%, pour quelles tâches l’expert-comptable pourra-t-il rester indispensable ?
Pour Charles-René Tandé, la numérisation de la comptabilité est l’occasion de délaisser la mécanique saisie des écritures à l’avantage du conseil, “savoir-faire à forte valeur ajoutée”. En effet, l’échange avec la clientèle ne pourra jamais être traité par un logiciel, tant l’analyse des besoins humains est complexe.
“L'avenir n'est plus à la saisie au kilomètre et au débit-crédit. Il réside plutôt dans le fait de s'affranchir demain de missions automatisables afin de mieux pouvoir servir et conseiller les clients : en paramétrant leurs flux, en maîtrisant toute forme d'encaissement, en rendant possible l'accès à tout type de réseau social, à toute forme de commerce électronique, à gérer leurs comptes d'abonnés, bref l'expert-comptable est désormais polyvalent et doit être capable, à chaque instant et de façon quasi instantanée, de dire à ses clients où ils en sont et où ils vont.”.
Charles-René Tandé, président de l’IFEC.
Cette réflexion semble trouver un écho outre-Atlantique en la personne de Geneviève Mottard, présidente de l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec. Selon cette dernière, les métiers comptables se trouvent immanquablement engagés sur la pente du numérique. Et de préciser : “tout ce qui est automatisable sera automatisé”. Dans ce contexte, qui augure un certain fatalisme, Geneviève Mottard conseille elle aussi aux experts-comptables, de se départir des travaux purement comptables pour donner la faveur au contact client.
Si l’on pense d’instinct au métier de soignants tels que les infirmiers, les médecins ou encore les aides-soignants, il ne s’agit en réalité pas des seuls professionnels pour lesquels le contact humain s’avère irremplaçable.
Les métiers de la gestion locative se présentent comme l’ensemble des activités prenant en charge, au quotidien, des biens immobiliers mis en location. Cela va de la recherche de locataires solvables à la gestion administrative du bien, en passant par les visites. Les services de gestion locative sont notamment utiles pour les particuliers ayant réalisé un investissement locatif. Le gestionnaire locatif, que l’on nomme parfois “administrateur de biens”, soulage le propriétaire-bailleur de tâches chronophages et parfois complexes (régularisation des charges, relances en cas d’impayés, etc).
Par ailleurs, le métier de gestionnaire locatif, au même titre que celui de gestionnaire de copropriété, est favorisé par la dématérialisation des données et par leur traitement numérique. Ces pratiques permettent, effectivement, de réduire les coûts et de faciliter l’accès à l’information, notamment concernant l’état des résidences (La révolution numérique et le marché du logement - Nouveaux usages, nouveaux acteurs, nouveaux enjeux, Bernard Vorms).
Toutefois, contrairement à d’autres activités de service, les métiers de l’immobilier ne semblent en rien menacés par la numérisation. Pour preuve, la part des ventes réalisées via les agents immobiliers n’a en rien diminué depuis la révolution numérique, selon une étude publiée par France Stratégie. Ce sont davantage les locations de courte durée qui semblent touchées par l’émergence de plateformes numériques mettant en contact propriétaires et locataires saisonniers (My Nomad Family, Airbnb, etc).
En ce qui concerne les administrateurs de bien, la révolution numérique se traduit par une extension de leurs offres à des clients qu’ils ne pouvaient toucher avec des moyens plus classiques. Cela passe par des technologies aussi variées que la géolocalisation des biens, les visites virtuelles des logements, le beacon (“balise” qui permet l’envoi d’une notification sur le smartphone des potentiels locataires) ou encore le “building information modeling” (conversion de l’actif physique immobilier en un modèle informatique).
“[...] dans l’immobilier, comme dans les autres services (banque, téléphonie, assurance, etc), de nouveaux outils de gestion de la relation client apparaissent tous les jours qui profitent pleinement de la puissance des applications numériques : géolocalisation des prospects et des clients, historique des actions menées, suivi des tâches à réaliser, optimisation des campagnes de mailing, édition semi-automatique des comptes rendus de visite, suivi de l’état des demandes de signature, signature des documents à distance (signature électronique), gestion informatisée et automatisée du registre des mandats, automatisation de la multidiffusion des annonces, etc”.C’est ainsi qu’une entreprise multiservices comme IMMO9, courtier en immobilier neuf et administrateur de biens, a pu se développer nationalement dans les villes de Toulouse, Bordeaux, Nantes ou encore Rennes avec un service unique de gestion locative. Ces villes ont en commun de se trouver au sein de grandes aires urbaines, zones qui ont récemment été favorisées par le dispositif Pinel. Par exemple, Nantes, capitale de la Loire-Atlantique (44) et des Pays de la Loire, connaît un dynamisme certain assuré par une démographie en hausse de 6.46% sur cinq ans et par la volonté de la municipalité d’améliorer toujours plus la qualité de vie des nantais :
La révolution numérique et le marché du logement - Nouveaux usages, nouveaux acteurs, nouveaux enjeux, 2016.
Pour information, Nantes est située en zone Pinel B1, éligible au dispositif Pinel jusqu’en 2021.
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